En 1792, notre pays est sous le Régime français. Les pillages et destructions révolutionnaires font des ravages dans les abbayes et les églises de nos régions.
Dom Grégoire Pierlot, alors prieur d’Oignies, confie les pièces d’orfèvrerie de la communauté aux époux Jeanne et Philippe Moussiaux, fermiers à Falisolle. Ensemble, ils les emmurent dans une pièce de la ferme. Elles y resteront cachées pendant 24 ans.
Le Directoire décrète la suppression des entités religieuses (abbayes, couvent …) et la confiscation de leurs biens. La congrégation des moines se disperse. Plus jamais, elle ne se reformera.
En 1817, Philippe Moussiaux meurt et sa veuve ne peut garder la ferme. Elle prévient Dom Grégoire Pierlot. Celui-ci confie alors à l’abbé Lambotte, curé de Falisolle, l’ensemble des pièces dissimulées, avant de les déposer, un an plus tard, auprès de la toute jeune congrégation des sœurs de Notre-Dame, fondée par Jule Billiart et dont il est l’aumônier.
L’ensemble des pièces sauvées par la volonté de quelques personnes : reliquaires, calice, plats de reliure … constitue aujourd’hui un Trésor mondialement (re)connu.
Pièces concernant le dépôt des Saintes reliques confié (sic) à notre Supérieure Générale la Mère St Joseph en 1818, par le Prieur d’Oignies.
«Je soussigné, desservant de la paroisse de Falisolle, certifie que Jeanne-Joseph Lecocq, veuve de Philippe Joseph Moussiaux, ma paroissienne, m’a déclaré qu’elle était dépositaire des reliques et autres objets d’église qui avaient été confiés à son mari et à elle par messieurs les religieux d’Oignies en 1794; que son feu mari et elle-même avaient aidé à transporter ces dites reliques et pièces du monastère à sa maison; que ces mêmes reliques et pièces, dès le même moment soigneusement renfermées dans un grand coffre ou caisse, sans qu’aucun objet étranger y ait été mêlé, ont été conservées dans une pièce retirée dont l’entrée a demeuré maçonnée et inaccessible depuis lors à qui que ce soit d’étranger jusqu’au 27 juin 1817, jour auquel après l’ouverture de la maçonnerie, la dite déclarante les a remises entre nos mains telles qu’on les lui avait confiées en présence de Monsieur Pierlot, révérend Prieur d’Oignies, qui s’était alors rendu à ma paroisse pour cette fin. .le déclare en outre que j’ai conservé avec soin ces mêmes reliques et objets depuis que j’en suis dépositaire, et que ce sont ces mêmes reliques et objets que j’ai fait transporter à Namur et déposer chez les Sœurs de Notre-Dame le 22 mai et 20 juin de la présente année selon l’avis de Monsieur le Révérend Prieur. En foi de quoi la dite Jeanne Lecocq et moi, curé de ladite paroisse, avons signé la présente déclaration à Falisolle le 21 juin 1818».
(signé) Jeanne-Joseph Lecocq, veuve.
J. F. Jos. Lambotte, curé desservant.
Petit historique du trésor
Le trésor d’Oignies est un ensemble de pièces liturgiques d’orfèvrerie mosane réalisé par Hugo d’Oignies au début du 13ème siècle. Hugo d’Oignies œuvre (vers 1228) au sein du prieuré d’Oignies dont le prieur, Gilles de Walcourt, est le frère d’Hugo. Hugo sera soutenu par le théologien Jacques de Vitry (+/-1160 – 1240) qui est évêque et deviendra cardinal. Jacques de Vitry est en aussi le confesseur de la Bienheureuse Marie d’Oignies (1177 – 1213) qui vit dans une communauté de béguines installée près du prieuré. Le trésor sera emmuré à Falisolle en 1794 pour échapper aux pillages des révolutionnaires (voir ci-dessus). En 1818, le trésor sera confié à la congrégation religieuse des Sœurs de Notre-Dame de Namur. Il aboutira enfin aux Musée provincial des Arts anciens du Namurois où il est présenté au public.
Localisation : rue Raphaël à Falisolle (propriété privée).